Le printemps entreprend de se montrer le bout du nez. Lentement, au rythme où la sève monte dans la noblesse de la forêt mauricienne, les valeureux canotiers visualisent avec l’anxiété du guerrier les premières sorties sur l’eau. Après plusieurs heures passées en gymnase, ils s’affairent à tout mettre en œuvre pour célébrer, un coup de pagaie à la fois, le destin inéluctable du marathonien.
La route sera longue, sinueuse et parsemée de professions de foi toujours à renouveler. La motivation s’érige sur le courage, la répétition et l’extraordinaire carburant que procure la satisfaction de l’atteinte de l’objectif ultime. La force de caractère se construit seule ou en équipe pour donner vie à cet innommable sentiment du devoir accompli : « Fais ce que dois ». L’aventure de la Classique s’étend toute l’année durant. Elle s’incarne et s’enracine dans la mémoire corporelle des répétitions de mouvements qui donnent à voir une fusion téméraire avec la majestueuse rivière Saint-Maurice.
Pendant ce temps, l’équipe de la Classique traverse d’autres rives, confirmant les partenaires, recrutant les bénévoles, rassemblant les communautés, planifiant au quart de tour les menus détails que d’aucuns verront. Car, pour l’équipe de la permanence, le défi de la Classique se dresse sous les eaux vives. Là où les courants se perçoivent à peine. Là où le creuset des tourbillons apparait imperceptible. Elle s’acharne à conjuguer l’événement au temps présent dans le sillon respectueux de la tradition presque centenaire. Toute l’équipe de la Classique vit son marathon. Dans la préparation, à travers les espérances du succès, dans l’évitement des remous, une rencontre à la fois. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit. De la rencontre de l’Autre, l’athlète, le bénévole, le partenaire, le supporter, l’amateur et le citoyen, autour d’une raison d’être qui s’écrit à l’encre de la solidarité. La Classique n’est pas qu’une compétition de canot marathon en eau vive. Elle est une occasion régionale de dépassement international.
Je salue les athlètes, les collaborateurs, les travailleurs et les bénévoles. Votre action commune est aussi vénérable que la rivière que l’on s’apprête à célébrer.